Importance de l’identification du chemin critique dans la gestion de projet
Pour les chefs de projet, le chemin critique constitue la plus longue séquence de tâches interdépendantes dans un projet. En identifiant le chemin critique, les chefs de projet peuvent plus facilement hiérarchiser les tâches, créer des calendriers réalistes, rester dans les limites budgétaires du projet et réduire ou compenser les retards.
Les chefs de projet peuvent déterminer la durée totale du projet en calculant le temps nécessaire entre le début de la première tâche et la fin du dernier élément du chemin critique. Toutes les tâches indépendantes ou s'inscrivant dans une chaîne plus courte de tâches interdépendantes ne sont pas censées augmenter la durée totale du projet et ne font donc pas partie du chemin critique. Le chemin critique représente le concept principal de la méthode du chemin critique (CPM), une technique de planification et de gestion de projet développée pour la première fois dans les années 1950. Bien que la méthode du chemin critique soit encore la plus couramment utilisée pour la gestion de projets de construction, de l'aérospatiale et des systèmes de défense, ses principes de base sont applicables à tous les secteurs.
Lorsque les chefs de projet anticipent tout retard éventuel en utilisant le chemin critique, ils sont plus susceptibles de rester dans les limites budgétaires de leurs projets. Que vous encouriez des pénalités pour cause de retard de livraison, que vous ayez besoin d’accélérer une expédition, ou que vous ayez soudainement besoin de personnel supplémentaire, les retards inattendus se révèlent presque toujours coûteux. En examinant le chemin critique, les chefs de projet peuvent trouver des moyens afin de compenser les retards et anticiper les besoins en ressources supplémentaires qu'il convient de prendre en compte dans le budget.
Les tâches du chemin critique s'appliquent à quatre types d’interdépendances : fin à début, fin à fin, début à début, et début à fin. Dans le cas d'une liaison fin à début, une équipe ne peut pas commencer à travailler sur une tâche tant que la tâche précédente n’est pas terminée. Par exemple, lors de la construction d’un bâtiment, les travailleurs doivent poser la fondation avant de pouvoir monter les murs, de sorte que ces deux tâches sont interdépendantes dans le chemin critique. Ces tâches forment ensemble une chaîne d’activités interdépendantes qui doivent se dérouler dans un certain ordre pour que l'objectif du projet soit atteint.
Les chefs de projet se réfèrent au calendrier du chemin critique et le mettent à jour fréquemment lorsqu’un projet est en cours. Les diagrammes de réseau de chemin critique et les modèles de chemin critique permettent aux chefs de projet de créer des représentations visuelles claires concernant les échéances des projets, afin que les équipes puissent rapidement accéder aux informations importantes et les comprendre. Les chronologies du chemin critique apparaissent souvent sous forme de diagrammes de Gantt, qui sont des outils visuels utiles permettant de rendre compte des interdépendances, des tâches simultanées, de la progression et des jalons. Pour en savoir plus sur l'association de la méthode CPM et des diagrammes de Gantt, consultez ce guide complet.
Enfin, il est important d'avoir bien identifié votre chemin critique en cas de litige. Lorsque les prestataires et les propriétaires ne sont pas d'accord sur la personne responsable des retards, ou bien si un retard ou un dépassement de coûts déclenche des clauses de pénalité dans le contrat, une documentation claire sur le chemin critique peut constituer une preuve importante et vous protéger, vous et votre entreprise, face à toute responsabilité.
Avantages de la méthode du chemin critique
La méthode du chemin critique constitue un moyen fiable pour les chefs de projet de budgétiser du temps et d’allouer des ressources. Les avantages que présente la méthode CPM sont notamment une augmentation de la précision et de la flexibilité de la planification, une communication plus claire entre les chefs de projet et les parties prenantes, une hiérarchisation plus facile des tâches et bien plus encore.
Bill Pepoon, associé gérant et fondateur de Construction Science, explique que dans un projet de construction commerciale typique, seules 20 % des activités s'inscrivent dans le chemin critique. L’équipe prend peut-être en charge une grande partie des 80 % restants, mais tant que les tâches du chemin critique ne sont pas accomplies, elle risque de prendre du retard.
« Le chemin critique vous permet de rester concentré sur vos objectifs et d'indiquer clairement la marche à suivre afin de ne pas dépasser les délais impartis », explique Pepoon. Si ces activités ne sont pas bien identifiées et hiérarchisées, les maîtres d’ouvrage peuvent avoir l'impression fausse que le projet avance à bon rythme.
« Quand je leur demande s’ils ont suffisamment progressé dans le projet pour rester dans les délais », explique-t-il, « ils sont souvent surpris. Si vous ne pouvez pas prouver que vous avez progressé sur 20 % du travail, cela signifie que vous avez perdu du temps. »
Voici les principaux avantages dont les chefs de projet peuvent bénéficier en adoptant la méthode du chemin critique :
- Une communication renforcée : les calendriers de la méthode du chemin critique nécessitent la contribution des acteurs clés à toutes les étapes du cycle de vie d’un projet. Le fait de réunir l’expertise de divers membres de l’équipe et des sous-traitants, des architectes aux électriciens en passant par les maîtres d'ouvrage, rendra le calendrier plus réaliste et plus solide dès le début.
- Une hiérarchisation facilitée : l’identification du chemin critique permet aux chefs de projet de clarifier les priorités et de déterminer la marge possible dans la réalisation de chaque tâche. Cette marge, appelée slack en anglais, mesure la durée pendant laquelle une tâche peut être retardée sans mettre en péril la date d'achèvement. Les tâches du chemin critique ne disposent d'aucune marge, tandis que les activités non critiques présentent une marge positive. Déterminer la marge propre à chaque tâche permet aux équipes d'évaluer les priorités. Plus cette marge est restreinte, plus la priorité est élevée.
- Une amélioration de la précision de la planification : la méthode du chemin critique est un outil fiable et fréquemment utilisé pour améliorer la précision des calendriers des projets. De nombreux chefs de projet utilisent la CPM en conjonction avec la technique d’évaluation et d’examen des programmes (Program Evaluation and Review Technique, PERT), un autre outil de gestion de projet permettant aux équipes d'évaluer la durée totale d'un projet. Tandis que la CPM se concentre sur des activités prévisibles, la PERT prend en compte d'éventuels événements imprévisibles, ce qui crée trois calendriers possibles : le plus optimiste, le plus pessimiste et le plus réaliste. En utilisant l'outil PERT et la méthode CPM, les chefs de projet peuvent créer les prévisions les plus précises possibles.
- Une meilleure détection des risques : les calendriers basés sur le chemin critique permettent d'indiquer clairement les relations entre les tâches interdépendantes, afin que les chefs de projet puissent mieux prévoir les impacts que peut avoir un retard. La méthode CPM réduit l'éventualité de situations inattendues et offre des opportunités pour corriger la trajectoire plus précocement que d’autres méthodes qui ne tiennent pas compte des interdépendances.
- Une plus grande adaptabilité : lorsque le travail ne se passe pas comme prévu, les diagrammes de réseau CPM procurent aux chefs de projet les outils pour redéfinir un calendrier rapidement. Certains logiciels peuvent même modéliser les effets de différentes modifications, afin que les chefs de projet puissent comparer les résultats prévus et sélectionner l’option la plus favorable. En utilisant un logiciel, explique Pepoon, « vous pouvez recalculer votre calendrier en une fraction de seconde ».
- Un plus grand impact visuel : les diagrammes de réseau CPM, ainsi que les représentations des calendriers de chemin critique par les diagrammes de Gantt, fournissent aux chefs de projet une représentation pratique de la chronologie et de l’avancement d’un projet. En se basant sur ces outils visuels, les chefs de projet et les membres de l’équipe peuvent identifier de manière plus intuitive la trajectoire d’un projet, par rapport à une solution moins dynamique sur le plan visuel.
Inconvénients de la méthode du chemin critique
En dépit de ces avantages, la méthode du chemin critique présente également des inconvénients, comme son incapacité à analyser les contraintes sur le plan des ressources. Bien que l'utilisation d'un logiciel de CPM puisse réduire les besoins en travail manuel, il nécessite également des recherches complexes et ne sera pas forcément adapté à tous les types de projets.
Voici certains des inconvénients les plus fréquents de la méthode du chemin critique :
- Une complexité accrue : la méthode du chemin critique implique des calculs complexes dont les différents éléments sont susceptibles de changer. Bien que les logiciels puissent automatiser les calculs, la saisie d’informations précises exige des recherches détaillées, et le risque d'erreur humaine n'est jamais écarté. « On ne peut pas lui faire une confiance aveugle. Il faut toujours vérifier de façon indépendante le calendrier qui en résulte », constate Pepoon. « Je repère tous les jours des incohérences, des anomalies. »
- Une applicabilité réduite : tous les types de projets ne se prêtent pas à la méthode du chemin critique. Par exemple, la CPM exige que les échéanciers soient prévisibles et répétables. La CPM n’est pas idéale pour les projets créatifs tels que la conception de produits ou les tâches de recherche, dont la progression est souvent difficilement prévisible. À l’autre extrême, les activités répétitives ou indépendantes ne sont pas bien adaptées à la CPM. Par exemple, un programme de maintenance hebdomadaire peut impliquer le nettoyage de dizaines de machines, mais l’ordre dans lequel les machines seront entretenues n'a aucune importance. Dans ce cas, la CPM n’ajoute pas de valeur, car il n’y a pas de situation d'interdépendance entre les tâches, de sorte qu’il n'existe pas de chemin critique.
- Une attention réduite vis-à-vis des tâches présentant une marge de réalisation élevée : lorsqu’ils utilisent la méthode du chemin critique, les chefs de projet se concentrent sur les tâches du chemin critique. Bien que le chemin critique détermine la durée totale du projet, l’utilisation de cette méthode peut conduire à ignorer davantage les tâches non critiques ou présentant une marge de réalisation élevée, ce qui peut entraîner des retards. Par exemple, l’installation du système électrique dans un nouveau bâtiment n'appartient pas au chemin critique, car cela peut s'étaler sur une grande période de temps. Toutefois, si les chefs de projet oublient les travaux électriques ou les décalent pendant trop longtemps, cela aura toujours un impact sur la date d’achèvement du projet.
- Moins d’informations sur les contraintes de ressources : un autre inconvénient de la méthode du chemin critique, c'est qu’elle ne fournit pas une image précise de l'impact des contraintes de ressources sur la planification des projets. Le diagramme de réseau ainsi que le calendrier de la CPM ne prennent pas en compte la disponibilité des équipements ou des ressources en personnel. Dans le même temps, la CPM ne rend pas compte des chevauchements des ressources, ce qui peut entraîner une situation de congestion. Par exemple, à cause de chevauchements dans le calendrier, il est possible que trop d'ouvriers soient présents dans un centre serveur, ou trop de machinerie lourde sur un chantier de construction. Les chevauchements inaperçus peuvent également causer un phénomène d’engorgement, c’est-à-dire lorsque plusieurs professionnels, comme des électriciens et des plombiers, veulent travailler simultanément à un même endroit, ce qui peut générer des retards, des risques pour la sécurité ou des coûts imprévus. Ces problèmes sont aggravés lorsqu’une entreprise a plusieurs projets en cours et doit coordonner les ressources entre eux. Utilisée seule, la CPM ne permet pas de repérer ces problèmes. Les chefs de projet devront solliciter l’expertise d’autres professionnels ainsi que des techniques de planification basées sur les ressources afin d'obtenir les informations nécessaires à la gestion des ressources.
| Avantages | Inconvénients |
|---|---|
| Intègre les informations de toutes les parties prenantes | Complexe |
| Meilleure hiérarchisation du travail | Consommatrice de ressources |
| Plus de précision | Utile uniquement pour certains types de projets |
| Aide à repérer rapidement les problèmes | Rend plus difficile l'identification des problèmes liés aux tâches non critiques |
| Facilite l’adaptation du calendrier | Ne tient pas compte des contraintes de ressources |
| Visuelle | Courbe d’apprentissage raide |
Comment décider si la planification par le chemin critique convient à votre projet
Bien que la méthode du chemin critique puisse aider les chefs de projet à hiérarchiser les tâches pour de nombreux projets, il ne s'agit pas toujours de la solution optimale. Il est important d’évaluer votre projet à l’avance et de déterminer si la CPM permettra d'ajouter de la valeur à votre projet.
Voici quelques considérations clés pour décider si la méthode du chemin critique convient à votre projet :
- Exigences des clients : votre client exige-t-il un calendrier de CPM ? Avec certains clients tels que les grandes agences et entités publiques, il est obligatoire de produire un calendrier de chemin critique. Ces projets impliquent souvent des investissements importants et exigent des méthodes de contrôle des projets tels que la CPM, afin de fournir au client ayant passé la commande une vue d'ensemble de l'avancement du projet. Si la CPM est une exigence du client, vous n’avez pas d’autre choix que de l’utiliser.
- Obligations contractuelles : votre contrat comprend-il des clauses pénales qui exigent une documentation CPM ? Les contrats relatifs à des projets coûteux et urgents contiennent souvent des clauses qui imposent des pénalités aux prestataires en cas de retard, sauf lorsque le prestataire peut prouver que ces retards ont été provoqués par des facteurs ne dépendant pas de lui, ou bien que le client en est responsable. Si un contrat spécifie que toute réclamation et toute contre-réclamation éventuelles devront se fonder sur un calendrier CPM, il est nécessaire que les chefs de projet mettent en œuvre la CPM au préalable. Et même lorsque les contrats ne le précisent pas, les tribunaux reconnaissent généralement que la CPM constitue une justification légitime : il est donc judicieux d’utiliser la planification de la CPM lorsque des retards peuvent avoir des répercussions financières ou juridiques.
- Prévisibilité des tâches : s'agit-il d'un projet complètement nouveau ou non défini ? La méthode du chemin critique repose sur des prévisions précises de la durée de chaque tâche. La CPM n'est pas optimale pour des projets qui sont complètement nouveaux, ou bien qui impliquent des tâches n'ayant jamais été effectuées auparavant, ainsi que pour les projets dont le rythme de progression des tâches est incertain, tels que les projets créatifs. De même, les projets qui exigent que les responsables définissent les tâches au fur et à mesure que le projet progresse, comme les projets de découverte ou de recherche, ne sont pas bien adaptés à une planification CPM.
- Échéances : le projet dispose-t-il d'une date d’achèvement impérative ? Les points forts de la planification CPM sont l'exactitude et le potentiel, pour les planificateurs de projets, de s’adapter à toute modification sans que cela ait un impact sur la date d'achèvement. Si la date d’achèvement est plus flexible, alors les chefs de projet peuvent se passer de la CPM, qui est un processus long et complexe.
- Interdépendances des tâches : les tâches doivent-elles être réalisées dans un ordre spécifique ? Pour que les chefs de projet puissent créer un chemin critique, il faut qu'il y ait des interdépendances entre les tâches du projet. Si le projet n’a pas d'impératif au niveau de l'ordre dans lequel les tâches doivent être réalisées, alors l'utilisation de la CPM n'apportera pas de valeur ajoutée au projet.
- Valeur et durée du projet : le projet a-t-il une valeur très élevée ? La durée du projet dépassera-t-elle six semaines ? La production et la gestion d’un calendrier de chemin critique nécessitent des ressources importantes. C'est pourquoi les chefs de projet doivent appliquer la CPM uniquement aux projets caractérisés par un périmètre, une durée et une valeur importants. Bien qu’il existe des exceptions, un projet pour lequel la CPM est une bonne option est généralement complexe et court au moins sur quelques mois. Ces projets impliquent généralement plusieurs flux de travail ainsi que de la main-d’œuvre spécialisée ou des sous-traitants. En termes de coût, selon des experts tels que Bill Pepoon, ainsi que d'après les directives d’achat ou les exigences contractuelles applicables aux institutions publiques, les budgets qui dépassent 750 000 ou 1 million de dollars justifient généralement l'utilisation de la CPM. Certains organismes publics fixent un seuil minimal à partir duquel un contrat doit être soumis à un échéancier CPM. Dans leur cas, ce seuil est souvent de 1 million de dollars. Le montant adéquat à définir doit prendre en compte la taille, le financement et les risques financiers d’un projet. Par exemple, il peut être utile d'opter pour un échéancier CPM pour une start-up ou une petite entreprise qui risquerait de mettre fin à ses activités en cas de conséquences juridiques ou financières relatives à un retard de livraison, même si le budget est inférieur à 1 million de dollars.
Pour obtenir des informations supplémentaires afin de décider si la méthode du chemin critique convient ou non à votre projet, vous pouvez utiliser l’arbre de décision suivant. Bien qu’il puisse y avoir d’autres raisons d'utiliser la CPM, comme l’appliquer à des projets simples en tant qu'expérience d’apprentissage, le présent arbre de décision constitue un guide utile dans la plupart des situations.
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